jean_luc
LES GRANDS PHILOSOPHES

 

* Jeremy Bentham :

(1748 -1832) est un philosophe, jurisconsulte et réformateur britannique. Dès son retrait du barreau, Bentham choisit de consacrer son existence à la conception d’un système juridique et politique ayant d’autres fondements que l’usage, la coutume, les mœurs, ou les croyances. Le fondement de ce système peut être résumé par une formule deJoseph Priestley, lue par Bentham en 1768 : « le plus grand bonheur du plus grand nombre ». Séduit par cette idée, Bentham se plonge dans les écrits de Priestley, David Hume, Beccaria et Hevétius. La pensée de Bentham part du principe suivant : les individus ne conçoivent leurs intérêts que sous le rapport du plaisir et de la peine. Ils cherchent à « maximiser » leur bonheur, exprimé par le surplus de plaisir sur la peine. Il s’agit  donc pour chaque individu de procéder à un calcul hédoniste. Chaque action possède des effets négatifs et des effets positifs, pour un temps plus ou moins long avec divers degrés d’intensité ; il s’agit donc pour l’individu de réaliser celles qui lui apportent le plus de bonheur. Il donnera le nom d'Utilitarisme à cette doctrine dès 1781. Bentham avait mis au point une méthode « Le calcul du bonheur et des peines » qui vise à déterminer scientifiquement, c'est à dire en usant de règles précises, la quantité de plaisir et de peine générée par nos diverses actions. Ces critères sont au nombre de sept.

Durée : un plaisir long et durable est plus utile qu'un plaisir passager.
Intensité : un plaisir intense est plus utile qu'un plaisir de faible intensité.
Certitude : un plaisir est plus utile si l´on est sûr qu'il se réalisera.
Proximité : un plaisir immédiat est plus utile qu'un plaisir qui se réalisera à long terme.
Étendue : un plaisir vécu à plusieurs est plus utile qu'un plaisir vécu seul.
Fécondité : un plaisir qui en enchaîne d'autre est plus utile qu'un plaisir simple.
Pureté : un plaisir qui n'enchaîne pas de souffrance ultérieure est plus utile qu'un plaisir qui risque d'en emmener.

Théoriquement, l'action la plus morale sera celle qui rejoint le plus grand nombre de critères. Afin d’assurer le bonheur de la population dans son entier, l’État est nécessaire car lui seul est légitime à garantir le respect des libertés individuelles et à promouvoir le bonheur collectif. Il se doit de prendre les mesures législatives et sociales permettant de maximiser le bonheur total. Ainsi une loi ne doit être jugée « bonne » ou « mauvaise » que sous le rapport de sa capacité à augmenter le plaisir de tous. Il propose donc que l’État garantisse un revenu minimum pour tous, protège les biens et les personnes, défende les citoyens des agressions extérieures ; encourage la croissance économique et démographique et assure enfin une redistribution des richesses propre à augmenter le bonheur collectif (il est partisan d’une taxe progressive sur les héritages). La nature de cet État ne peut être que démocratique. En effet, un monarque ou une dictature n’aurait  tendance qu’à maximiser leur propre bonheur ; un régime oligarchique, qu’à maximiser le bonheur des gouvernants. Pour défendre l’intérêt du plus grand nombre, il faut nécessairement que l’État procède du plus grand nombre ; il doit donc être purement démocratique. De nombreux philosophes ont développé et enrichi la pensée utilitariste, parmi lesquelles John Stuart Mill, John Austin, Herbert Spencer, Henry Sidgwick ou James Mill. Bien qu’il ne soit pas le plus connu des philosophes, Jeremy Bentham a eu une influence considérable sur les sociétés occidentales. La France lui doit les divisions de son code civil et l’économie politique lui doit la popularisation de la notion d’utilité qu’il a étendue au droit et aux autres sciences sociales. Adam Smith, Jean-Baptiste Say et Charles Comte comptaient parmi ses amis.

 

* Georg Wilhelm Friedrich Hegel :

(1770 - 1831) est un philosophe allemand. Son œuvre est l'une des plus représentatives de l'idéalisme allemand et a eu une influence décisive sur Marx ou sur l'école de Francfort. Il est célèbre pour son œuvre  la « Phénoménologie de l'esprit » ainsi que pour la célèbre dialectique. La «  Phénoménologie de l'esprit » est pour lui une approche de la philosophie qui commence par l'exploration des phénomènes ; c'est-à-dire ce qui se présente consciemment à nous afin de saisir l'esprit absolu, logique, ontologique, métaphysique qui est derrière ceux-ci. Il l'appelle aussi « phénoménologie dialectique ». En ce qui concerne sa dialectique, elle est habituellement identifiée au syllogisme et à ses trois moments : thèse, antithèse, synthèse ou position, opposition, composition. Cependant, à la fin de « la Logique », Hegel montre que le moment négatif se divise en deux : opposition extérieure et division intérieure ou médiatisée et médiatisante : « si après tout l'on veut compter, au lieu de la triplicité , on peut prendre la forme abstraite comme une quadruplicité ». Cela n'empêche pas la pertinence de la division ternaire, omniprésente. En fait on pourrait parler de cinq temps constitués de deux fois trois temps puisqu'il y a bien une synthèse partielle entre les deux moments négatifs : 1) position, 2) opposition extérieure, 3) unité spatiale des opposés, 4) division intérieure de l'unité, 5) compréhension de l'identité temporelle et de lieu de soi dans l'être-autre (totalité sujet-objet). La dialectique n’est pas une méthode extérieure imposant une forme immuable comme la triplicité, c'est le développement de la réalité, de la chose elle-même. On peut récuser l’idée qu’il y aurait une doctrine hégélienne, car il s’agit en fait de dégager ce qu’il y a d’intelligible dans la réalité et non d’en produire une nouvelle interprétation. La philosophie décrit la réalité, et la reflète. Dans le domaine de l’esprit, la dialectique est l’histoire des contradictions de la pensée, qu’elle surmonte en passant de l’affirmation à la négation, et de cette négation, à la négation de la négation. C’est le mot allemand « aufheben » qui désigne ce mouvement d'aliénation (négation) et de conservation de la chose supprimée (négation de la négation). La négation est toujours partielle. Ce qui est sublimé est alors « médié » et constitue un moment déterminé intégré au processus dialectique dans sa totalité. Cette conception de la contradiction ne nie pas le principe de contradiction, mais suppose qu’il existe toujours des relations entre les opposés : ce qui exclut doit aussi inclure en tant qu’opposé. Or, la thèse fondamentale de Hegel est que cette dialectique n’est pas seulement constitutive du devenir de la pensée, mais aussi de la réalité ; être et pensée sont donc identiques. Tout se développe selon lui, dans l’unité des contraires, et ce mouvement est la vie du tout. Toutes les réalités se développent donc par ce processus, qui est un déploiement de l’esprit absolu dans la religion, dans l'art la philosophie et l’histoire. Comprendre ce devenir, c’est le saisir conceptuellement de l’intérieur.  Mais cette compréhension de la réalité, ne peut venir qu’une fois les oppositions synthétisées et résolues, et c’est pourquoi la philosophie est la compréhension de l’histoire passée : « La chouette de Minerve ne prend son envol qu’au crépuscule. » Par exemple, Napoléon achève la Révolution française et Hegel le comprend.

 

* Arthur Schopenhauer :

(1788-1860) est un philosophe allemand, précurseur de Nietzsche. Sa philosophie peut se rattacher à un idéalisme athée, qui s'inspire  de celles d'Emmanuel Kant, de Platon et des religions indiennes ; le védanta et le bouddhisme, que l'Europe venait de découvrir La « Volonté » est pour lui un principe fondamental. Mais il est important, pour aborder la philosophie de Schopenhauer, de bien distinguer le terme « Volonté », qui désigne le concept central de sa philosophie, de la volonté dont nous pouvons parler tous les jours pour les actions à entreprendre. Le champ de la « Volonté » schopenhauerienne ne se limite pas au vivant, mais englobe tous les changements qui peuvent avoir lieu dans l'univers. La réalité au-delà des phénomènes ( la chose en soi ) n'est pas pour Schopenhauer, comme pour Kant, une réalité connaissable : l'idée même d'une telle connaissance est contradictoire, car elle signifierait une connaissance indépendante des conditions mêmes de la connaissance, autrement dit du principe de raison ; en revanche, Schopenhauer voit dans la volonté, l'expression la plus immédiate d'un en soi, car le sujet qui connaît est aussi un objet de connaissance. Par l'intuition de la volonté dans le sujet, nous avons l'intuition d'un phénomène purement temporel ( indépendant de l'espace ), ce qui permet de voir la forme la plus pure que nous puissions avoir de la réalité en soi. La « Volonté », dont chaque chose en ce monde est une expression selon le principe de raison. Cependant, contrairement à Kant, Schopenhauer ne fait pas de la notion de chose en soi le quelque chose dont il y aurait manifestation en tant qu'objet ou phénomène : l'objet est pour le sujet, dans la représentation ; de ce fait, la chose en soi n'est liée ni à l'objet, ni au sujet, mais constitue un troisième terme qui permet, selon Schopenhauer de rejeter à la fois la philosophie de l'objet et la philosophie du sujet, c'est-à-dire toutes les philosophie qui reposent sur l'idée d'une causalité entre le sujet et l'objet. Schopenhauer explique l'individuation (l'existencspatio-temporelle) de deux points de vue complémentaires. D'une part, l'individuation se produit par subordination de l'inférieur au supérieur, autrement dit des éléments physico-chimiques à des degrés d'organisation plus complexes ; d'autre part, l'individuation suppose la réalisation d'une idée, autrement dit d'un principe téléologique qui, de notre point de vue, se répète inlassablement, alors qu'il demeure éternel et n'est en rien affecté par ses manifestations aussi nombreuses soit-elles. L'individuation, notamment parce qu'elle comprend un processus de subordination, fonde une compréhension du monde dans lequel la volonté se nourrit d'elle-même. La « Volonté » se trouve en effet confrontée à elle-même par l'intermédiaire des unités individuelles, tout en étant toujours une. Cette confrontation permanente est le monde dans lequel nous vivons. Nous autres, humains, nous sommes en effet en perpétuelle lutte les uns les autres, et en perpétuelle lutte contre ce qui exprime « la Volonté » par une branche autre que la nôtre. C'est cette lutte pour la vie, qui engendre la souffrance, qui ne cesse que momentanément, pour laisser la place à l'ennui.

 

* Isidore Marie Auguste François Xavier Comte :

(1798-1857) est un philosophe français, positiviste Il est souvent considéré en France comme le fondateur de la, sociologie terme qu'il reprendra de Sieyès. Il s'appuie sur les sciences dites « positives », que nous appelons aujourd'hui « exactes » ou « dures » selon certains, pour définir des lois d'organisation sociale. Comte a été aussi Disciple de Saint-Simon. La doctrine positiviste de Comte est liée à la confiance dans le progrès de l'humanité, par les sciences et à la croyance dans les bienfaits de la rationalité scientifique. Le terme de positivisme existait déjà avant Comte. On parlait déjà de sciences positives à la fin du XVIIe siècle. Saint-Simon employait déjà le terme de positivisme. Auguste Comte, qui fut son secrétaire pendant six ans, l'a répandu en philosophie. Auguste Comte a l'ambition de se débarrasser de la métaphysique: sa démarche philosophique ignore délibérément les causes premières et s'éloigne définitivement des concepts philosophiques développés par Aristote, déjà chahuté par Descartes. La connaissance doit reposer, selon Comte, sur l'observation de la réalité mesurée d'une façon scientifique et non sur des connaissances a priori. Le positivisme constitue donc une systématisation du rationalisme, accompagnée d'une sorte de confiance absolue dans la science, fondée sur un déterminisme mécaniste. Les principes du positivisme scientifique ou positivisme philosophique, sont décrits dans le cours de philosophie positive, publié de 1830 à 1842. Auguste Comte y expose une théorie dite, loi des trois états. Pour Auguste Comte, le positivisme est lié à l'émergence de l'âge de la science caractéristique de « l'état positif » qui succède, dans la « loi des trois états », à « l'état métaphysique » et à « l'état théologique ».
« L'état théologique » appelé aussi « âge théologique » ou « fictif », correspond à celui de l'âge de l'enfance de l'humanité; dans lequel l'esprit recherche la cause des phénomènes soit en attribuant aux objets des intentions ( fétichisme ) soit en supposant l'existence d'êtres surnaturels ( religion polythéiste ) ou d'un seul Dieu (monothéisme). « L'état métaphysique » appelé aussi « âge métaphysique » ou « abstrait », correspond à celui de l'adolescence de la pensée ; dans lequel les agents surnaturels sont remplacés par les forces abstraites : la « Nature » de Spinoza, le « Dieu géomètre » de Descartes, la « Matière » de Diderot, la « Raison » du siècle des lumières. Cette époque est un progrès par rapport à la pensée anthropomorphique antérieure. Mais la pensée reste prisonnière de concepts philosophiques abstraits et universels. On rapporte la réalité à des principes premiers. C'est la « Méthode du philosophe », écrit Auguste Comte. L'état positif, appelé aussi âge positif, est décrit comme « l'état viril de notre intelligence ». L'esprit positif rejette la recherche du « pourquoi ultime » des choses pour considérer les faits, « leurs lois effectives, c’est-à-dire leurs relations invariables de succession et de similitude ». Le recours aux faits, à l'expérimentation à l'épreuve de la réalité est ce qui permet de sortir des discours spéculatifs. C'est le premier principe du positivisme. Alors que l'esprit métaphysique recourt à des concepts éternels et universels, qu'il ne soumet pas à la réalité, l'esprit positif lui, confronte les hypothèses au monde réel.

 

* Charles Robert Darwin :

(1809-1882) est un  philosophe et biologiste britannique. Il développa la première théorie d'un mécanisme biologique de l'évolution, la sélection naturelle qui explique la diversification de la vie à travers un lent processus de modification par l'adaptation. La théorie de l'évolution de Darwin, établit que tous les individus d'une population sont différents les uns des autres. Certains d'entre eux sont mieux adaptés à leur environnement que les autres, et ont,  de ce fait, de meilleures chances de survivre et de se reproduire. Ces caractéristiques avantageuses, sont héritées par les générations suivantes et, avec le temps, deviennent dominantes dans la population. Ce processus progressif et continu, constitue l'évolution des espèces. Les points principaux de la théorie sont :
-il se produit une évolution ; les modifications de l'évolution sont en général progressives  et demandent de plusieurs milliers à plusieurs millions d'années ;
-la sélection naturelle est le mécanisme principal de l'évolution ;
-cette sélection comporte deux composantes :
 -sélection de survie ; -sélection sexuelle, c'est-à-dire aptitude à trouver un partenaire ; un individu remarquablement adapté pour la survie et qui ne serait pas du tout attirant pour le sexe opposé, ne transmettra pas son patrimoine d'où l'émergence de la queue du paon, par exemple, bien que celle-ci le handicape fortement vis-à-vis de prédateurs éventuels. Toutes les espèces aujourd'hui vivantes, tirent leur origine d'une seule forme de vie, à travers un processus de branchement appelé spéciation.

 

* Søren Aabye Kierkegaard :

(1813-1855) est un philosophe danois. Il est généralement reconnu comme le premier philosophe existentialiste. Il s'est opposé à la philosophie hégélienne dont il jugeait, à la manière de Marx, la compréhension nécessaire mais devant subir un changement. Il considérait aussi les formalités de l'Église danoise de l'époque vaines. La plupart de ses œuvres, traitent des problématiques religieuses telles que la nature de la foi, l'établissement de l'église chrétienne, de l'éthique ainsi que de la théologie chrétienne. S. Kierkegaard prend toujours les affects tels que la crainte, le désespoir, l´angoisse, non seulement comme de simples catégories psychologiques, mais comme des modalités dévoilant des possibilités à chaque fois spécifiques de l'existence. C'est en suivant le fil de ces différents « affects » que vont pouvoir seulement s'ouvrir ces possibilités. Ainsi par exemple « l'Angoisse » est prise comme fil conducteur pour explorer de quelle manière la liberté s'atteste elle-même à l'existence singulière. De façon paradoxale, seul un être libre peut faire l'expérience de « l'Angoisse ». L'expérience de la liberté est vécue comme un fardeau et un obstacle. Emphatiquement dans « La Maladie mortelle » mais également dans « CraCrainte et tremblement », Kierkegaard expose que les humains sont composés de trois parties : le fini, l'infini, et la relation entre les deux qui crée une synthèse. Les finis (les sens, le corps, la connaissance) et les infinis (le paradoxe et la capacité à croire) existent toujours dans un état de tension. Cette tension, consciente de son existence, est l'individu. Lorsque l'individu est perdu, insensible ou exubérant, la personne est alors dans un état de désespoir. Notamment, le désespoir n'est pas l'agonie et ne se résume pas à un simple sentiment ; c'est, au lieu de cela, la perte de l'individu, la négation du « moi » par un désordre dans la synthèse.

 

* Karl Heinrich Marx :

(1818-1883) est un activiste politique, philosophe et théoricien, célèbre pour sa critique du capitalisme et sa vision de l'histoire comme résultat de la lutte des classes, opposant les capitalistes et le prolétariat. Il a une conception matérialiste de l’histoire, inspirée du matérialisme de Ludwig Feuerbach qui est parfois désignée par l’expression « matérialisme historique », et initialement appelée par Marx « nouveau matérialisme ». Il s’applique à l’étude de la vie sociale, à l’étude de la société et de son histoire. Les principaux points sont les suivants. Les hommes font leur propre histoire, mais sur la base de conditions données, héritées du passé. Parmi celles-ci, les conditions de la reproduction matérielle de la société sont déterminantes. D'autre part, l'histoire humaine ne suit pas comme dans le positivisme comtien un déroulement linéaire vers le progrès. Marx s'inspire de Hegel, qui considère que le devenir de toute réalité se comprend dans la triade suivante : l'affirmation (la thèse), la négation (l'antithèse), et la négation de la négation (la synthèse). Toutefois, si pour Hegel cette évolution se déduit de la nature de l'esprit, pour Marx, elle s'inscrit dans l’évolution de l’activité humaine. Aussi est-il amené à penser que les conditions économiques et matérielles déterminent l'anatomie d'une société. Et ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine la réalité, mais c'est la réalité sociale qui détermine leur conscience.Pour Marx, l'évolution de la pensée et de la société humaine suit donc une course dialectique. Plusieurs modes de productions comme l'esclavagisme le féodalisme et le capitalisme, se succèdent. Chaque mode se heurtant à un moment donné aux contradictions entre les institutions et les forces productives. À terme, ces contradictions doivent  par l’action consciente de l’humanité et du prolétariat en particulier, se réconcilier dans une synthèse : le communisme. Pour lui, toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes.  La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n'a pas aboli les antagonismes de classes. Elle n'a fait que substituer les anciennes par de nouvelles. Poussée  par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s'implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations conditions d'oppression, de nouvelles formes de lutte à celles d'autrefois. Tous les mouvements historiques ont été, jusqu'ici, accomplis par des minorités ou au profit des minorités. Le mouvement prolétarien est le mouvement spontané de l'immense majorité au profit de l'immense majorité. L'existence et la domination de la classe bourgeoise ont pour condition essentielle l'accumulation de la richesse aux mains des particuliers, la formation et l'accroissement du capital ; la condition d'existence du capital et principe de la plus-value, c'est le salariat. Le salariat repose exclusivement sur la concurrence des ouvriers entre eux. Donc, pour lui, le prolétariat, victime de l'exploitation bourgeoise, va de plus en plus s'appauvrir et se concentrer dans les grands centres de production (usines, etc.). Le prolétariat, affamé  mais puissant par le nombre de ses composants,  va donc se trouver dans l'obligation de se révolter, de prendre le pouvoir et de ce fait collectiviser les moyens de production et de distribution. Il va abolir la propriété privée. C'est la dictature du prolétariat, qui devient indispensable. Pour Marx, il faut que cette révolution se passe partout afin que cesse l'hostilité entre les nations. la forme d'une exaltation de la puissance créatrice humaine. Pour Nietzsche, l'essence la plus intime de l'être est sa « Volonté de puissance ». Mais la « Volonté de puissance », en tant qu'interprétation de la réalité, prend de multiples dimensions, telles que «  l'Éternel Retour » et le «Surhomme ».
Nietzsche établit une hiérarchie entre les pensées : les pensées sont plus ou moins sélectives. S'il juge « l'Éternel Retour » la pensée la plus lourde, c'est parce qu'elle possède la portée éthique discriminante la plus extrême et c'est à ce titre, qu'elle fait partie de sa philosophie politique et morale. Pour lui,  toute pensée possède une valeur discriminante à des degrés variés, comme par exemple l'évaluation mécanique du monde, qui est tout autant sélective que « l'Éternel Retour », car elle supprime le point de vue de l'idéal. Il faut commencer par remarquer que « l'Éternel Retour » nietzschéen se distingue de toutes les anciennes conceptions cycliques. La perspective de « l'Éternel Retour » tel qu'il est exposé dans les textes brahmaniques conçoit la loi du karma qui lie l'existence future d'un être à son existence passée  et proclame une relation de débiteur à créancier de l'homme à lui-même ; l'existence servant à payer les erreurs d'une existence passée. Nietzsche nie toute dette et toute faute, et conçoit le devenir cyclique par delà le  bien et le mal. Le devenir est ainsi justifié, ou, ce qui revient au même, on ne peut l'évaluer d'un point de vue moral.

 

* Friedrich Wilhelm Nietzsche :

(1844-1900) est un philosophe et un philologue allemand,   De « La Naissance de la Tragédie » à ses dernières œuvres, Nietzsche s'est attaché à comprendre les conditions et les moyens de l'ennoblissement et de l'élévation de l'homme. Nombre de commentateurs ont souligné que le thème fondamental et constant de la pensée de Nietzsche, à travers les nombreuses variations de ses écrits, est le problème de la culture  ou de l'« élevage », problème qui comprend la question de la hiérarchie et de la determination des valeurs propres à favoriser cette élévation. Ce projet embrasse une partie critique et omniprésente de son œuvre, la destruction des valeurs platonico-chrétiennes qui ont gouverné jusqu'ici l'occident et qui, selon Nietzsche, menacent de conduire l'humanité à son auto-suppression. Au cours de sa vie, Nietzsche a exprimé cette volonté d'une élévation de l'homme, soit par unemétaphysique d'artiste, soit par une étude historique des sentiments et des représentations de la morale humaine, soit par une affirmation de l'existence tragique, au travers des notions de « Volonté de puissance », d' « Éternel Retour » et de « Surhomme ». Ses thèmes, sans s'exclure, se succèdent en s'approfondissant et en se mêlant les uns aux autres. La philosophie de l'affirmation se présente sous la forme d'une exaltation de la puissance créatrice humaine. Pour Nietzsche, l'essence la plus intime de l'être est sa « Volonté de puissance ». Mais la « Volonté de puissance », en tant qu'interprétation de la réalité, prend de multiples dimensions, telles que « l'Éternel Retour » et le « Surhomme ».
Nietzsche établit une hiérarchie entre les pensées : les pensées sont plus ou moins sélectives. S'il juge « l'Éternel Retour » la pensée la plus lourde, c'est parce qu'elle possède la portée éthique discriminante la plus extrême et c'est à ce titre, qu'elle fait partie de sa philosophie politique et morale. Pour lui,  toute pensée possède une valeur discriminante à des degrés variés, comme par exemple l'évaluation mécanique du monde, qui est tout autant sélective que « l'Éternel Retour », car elle supprime le point de vue de l'idéal. Il faut commencer par remarquer que « l'Éternel Retour » nietzschéen se distingue de toutes les anciennes conceptions cycliques. La perspective de « l'Éternel Retour » tel qu'il est exposé dans les textes brahmaniques conçoit la loi du karma qui lie l'existence future d'un être à son existence passée  et proclame une relation de débiteur à créancier de l'homme à lui-même ; l'existence servant à payer les erreurs d'une existence passée. Nietzsche nie toute dette et toute faute, et conçoit le devenir cyclique par delà le  bien et le mal. Le devenir est ainsi justifié, ou, ce qui revient au même, on ne peut l'évaluer d'un point de vue moral. Cette hypothèse éthique et cosmologique que l'on trouve déjà chez Héraclite et les Stoïciens, peut être déduite du concept de « Volonté de puissance » en admettant certains axiomes. Nietzsche s'est en effet efforcé de montrer le caractère plausible de son hypothèse. Pour lui, l'être n'existe pas. L'univers n'atteint jamais un état final, il n'a pas de but, ce qui implique aussi le rejet de tout modèle mécanique. En conséquence, l'univers n'est pas devenu, ce qui signifie qu'il n'a jamais commencé à devenir. C'est donc le rejet du créationnisme. Il pense également que l'univers est fini ; l'idée d'une force infinie est pour lui absurde et reconduirait à la religion. La « Volonté de puissance » est une quantité de force, cependant, selon les points précédents, l'univers est composé d'un nombre fini de forces et le temps est un infini ; l'univers n'ayant jamais commencé à devenir, donc toutes les combinaisons possibles doivent pouvoir revenir un nombre infini de fois. Le nihilisme;  il n'y a pas d'être, est un état normal et non pas seulement un symptôme de faiblesse face à l'absurdité de l'existence Le but de ce concept est ainsi de proposer une pensée sélectrice par ce nihilisme extrême, idée qui rendrait nécessaire la transformation des évaluations traditionnelles de la morale et de la religion. Penser « l'Éternel Retour » serait alors l'état maximal de la puissance humaine ; c'est par cette pensée assumée jusqu'en ses ultimes conséquences qu'advient le « surhomme ». En ce sens, la « Volonté de puissance » découle de la pensée de « l'Éternel Retour ». « L'Éternel Retour » est ainsi tout autant une hypothèse cosmologique qu'une réalité éthique : « Si le devenir est un vaste cycle, tout est également précieux, éternel, nécessaire ».
Le « Surhomme » de Nietzsche est un dieu épicurien ramené sur terre. Il ne doit pas se soucier des hommes, ni les gouverner : sa seule tâche est la transfiguration de l'existence. Dans sa philosophie, la notion de « Surhomme » est  par hypothèse, l'incarnation de la « Volonté de puissance » humaine qui trouve à s'affirmer dans la pensée de « L'Éternel Retour ». Cette idée est  pour Nietzsche, un essai pour surmonter le nihilisme et donner un sens à l'histoire de l'humanité.

 

* Max Karl Ernst Ludwig Planck :

(1858-1947) était un  philosophe et un physicien allemand, Prix Nobel de physique en 1918 et lauréat du prix Goethe en 1945. À Berlin, il poursuit des travaux en thermodynamique, en électromagnétisme et en physique statistique. Planck rejette, dans un premier temps, le modèle atomiste des gaz de Maxwell et Boltzmann. Pour lui, la théorie atomique s’effondrera à terme en faveur de l’hypothèse de la matière continue. Il se rallie devant l'évidence à l'atomisme à partir des années 90. À cette même époque, Lord Kelvin identifie le rayonnement du corps noir comme l'un des problèmes à résoudre. Jozèf Stefan, Ludwig Boltzmann,Wilhelm Wien s'y attaquent ainsi qu' Otto Richard Lummer, Ernst Pringsheim, Heinrich Rubens, Ferdinand Kurlbaum, Friedrich Paschen et Lord Rayleigh.Travaillant à formuler avec exactitude le second principe de la thermodynamique, Planck s’intéresse dès1894, au rayonnement électromagnétique du corps noir. Il adopte les méthodes statistiques de Boltzmann. En 1899, il introduit les constantes de Planck (h) et de Boltzmann (k) en même temps que la notion des quanta. En octobre 1900, il détermine la loi de répartition spectrale du rayonnement thermique du corps noir, sans en maîtriser l'interprétation physique. C’est à la fin de 1900 qu’il présente sa découverte à la société de physique de Berlin. C’est la naissance de la théorie des quanta, à l'approfondissement de laquelle il participera peu, laissant Einstein l'étayer solidement. Planck a du mal à accepter sa propre hypothèse, la libération de l'énergie est discontinue. Il devient, par la suite, l'un des premiers soutiens d'Einstein, bien que ce dernier fût très critique vis-à-vis des théories de Planck avant de reconnaître ses positions novatrices. Il participe au premier congrès Solvay à Bruxelles en novembre 1911 qui réunit les sommités de la physique de cette époque. Vers la même époque, il s'oppose au positivisme logique d'Ernst Mach. Il prend sa retraite universitaire en 1927 mais continue à enseigner par la suite.

 

* Bertrand Arthur William Russell :

(1872-1970) est un épistémologue, un mathématicien, un logicien, un philosophe et un moraliste britannique. Considéré comme l'un des plus importants philosophes du XXe siècle, il utilise la logique pour tenter de clarifier les problèmes philosophiques, ce qui en fait l'un des fondateurs de la philosophie analytique et du néo-positivisme.  Il fut aussi un polémiste et un militant de gauche, proche du socialisme de tendance libertaire. Il organisa le tribunal Sartre-Russell, contre les crimes survenus pendant la guerre du Viêt Nam. Il reçut le prix Nobel de littérature en 1950 pour l'ensemble de son œuvre, en particulier pour son engagement humaniste et comme libre penseur. En ce qui concerne la logique, les contributions de Russell comprennent essentiellement le développement du calcul des prédicats de premier ordre, la défense du logicisme, le paradoxe qui porte son nom et la théorie des types. Russell a réfuté la théorie naïve des ensembles ainsi que la logique de Gottlob Frege en découvrant un paradoxe qui porte désormais son nom, le paradoxe de Russell. On peut lui donner diverses versions en langage ordinaire, dont le paradoxe du barbier ; qui rase tous ceux et uniquement ceux, qui ne se rasent pas eux-mêmes. Situation qui engendre la question insoluble : ce barbier se rase-t-il ? Il comprit l'importance de ces paradoxes en 1901, alors qu'il travaillait aux « Principes des mathématiques » (1903). Pour les résoudre, Russell créa la théorie des types : les espèces logiques sont hiérarchisées et aucune fonction logique ne peut s'appliquer à des objets ayant son propre type. Il a écrit avec Alfred North Whitehead les « Principia Mathematica ». Cet ouvrage fondateur a l'ambition d'effectuer la réduction de l'ensemble des mathématiques à la logique, qui constitue le projet logiciste annoncé dans les « Principes des Mathématiques ». Pour ce faire, les « Principia Mathematica » procèdent à une axiomatisation et une formalisation de la logique des propositions, des prédicats  et en dérivent les objets et propositions des mathématiques. De fait, seule l'arithmétique élémentaire est abordée. Le tome quatre des « Principia » qui devait aborder la géométrie ne fut jamais écrit. Les « Principia Mathematica » furent le premier texte de référence de la nouvelle logique mathématique. Ils furent à la source des travaux des philosophes et logiciens Carnap, Quine et Gödel.
En philosophie, Russell apporta de nombreuses nouveautés en métaphysique, en épistémologie et en éthique. En théorie de la connaissance, Russell a introduit la notion de « knowledge by acquaintance » et « knowledge  by description » pour désigner deux types fondamentaux de connaissance. Pour être pleinement justifié dans une croyance en la vérité d'une proposition, nous ne devons pas seulement connaître tel fait ou réalité qui donne sa vérité à la proposition, nous devons également avoir une connaissance directe avec la relation de correspondance qui existe entre cette proposition et le fait désigné. Cela veut dire que la justification d'une croyance dépend simplement d'un fait. Par exemple : « la neige est blanche ». Cette connaissance est directe et immédiate, elle n'est pas le fruit d'une inférence mais découle simplement d'une sensation. En revanche, quand il n'y a pas une telle relation de connaissance, comme par exemple la connaissance de l'assassinat de César ; que nous ne connaissons pas directement, Russell parle de connaissance par description. Dans ce cas, nous ne sommes pas entièrement justifiés dans notre croyance en la vérité d'une proposition.

 

* Albert Einstein :

(1879-1955) est un philosophe et un physicien allemand naturalisé américain en 1940. Il a établi la théorie du mouvement brownien, puis, appliquant la théorie des quanta à l'énergie rayonnante, il aboutit au concept de photon.  Il a publié aussi la théorie de la relativité restreinte, complétée par Henri Poincaré  en 1905 et une théorie de la gravité dite relativité générale, complétée par David Hilbert en 1915.Il a largement contribué au développement de la mécanique quantique et de la cosmologie. Il a reçu le prix Nobel de physique en 1921 pour son explication de l'effet photoélectrique. Son travail est notamment connu pour l'équation E=mc² qui quantifie l'énergie disponible dans la matière.
On nomme donc relativité restreinte la première version de la théorie de la relativité, émise en 1905  et qui ne considérait pas la question des accélérations d'un référentiel, ni les interactions d'origine gravitationnelles. Cependant, elle présentait une explication cohérente des interactions électro-magnétiques et de leurs transformations par changement de référentiel à l'aide de la transformation de Lorentz. De plus, elle a résolu des paradoxes existant en mécanique classique, relatifs aux mesures de la vitesse de la lumière. Cette théorie a introduit pour la première fois la notion d'espace-temps, et expliqué quelques phénomènes étonnants, vérifiés expérimentalement, de variation des mesures de longueur et de durée entre un observateur et un autre ; chacun d'eux étant situé dans un référentiel différent. Elle est enseignée dans le cadre de la cinématique en mathématiques et comme introduction à la relativité générale en physique pour sa clarté et sa simplicité. D'autre part, c'est actuellement la seule théorie utilisable pour représenter les effets relativistes en mécanique quantique. La théorie a été popularisée en science-fiction, notamment en raison du phénomène de dilatation des temps, avec le célèbre paradoxe des jumeaux. Elle a eu également un impact en philosophie en éliminant toute possibilité d'existence d'un temps et de durées absolus dans l'ensemble de l'univers, implicitement admis avant elle. La  relativité générale  est une théorie relativiste de la gravitation. Dans ce cadre, la présence d'une masse déforme localement l’espace-tempas. Le physicien Thibault Damour utilise à ce sujet l'expression imagée d'un espace-temps élastique. L’idée centrale de la relativité, c’est que l’on ne peut pas parler de quantités telles que la vitesse ou l’accélération, sans avoir auparavant choisi un cadre de référence, un référentiel, défini en un point donné. Tout mouvement est alors décrit relativement à ce référentiel. La relativité restreinte  postule que ce référentiel peut être étendu indéfiniment dans l’espace et dans le temps. Elle ne traite que le cas des référentiels dits inertiels, autrement dits animés d’une vitesse constante et sans changement de direction. La relativité générale, elle, traite les référentiels accélérés au sens vectoriel ou non. En relativité générale, il est admis que l’on ne peut définir un référentiel local avec une précision donnée que sur une période finie et dans une région finie de l’espace. De la même manière, à cause de la courbure de la surface terrestre, on ne peut dessiner une carte sans distorsion, que sur une région limitée.
En relativité générale, les lois de Newton ne sont que des approximations valables dans un référentiel local inertiel. En particulier, la trajectoire de particules libres comme des photons est une ligne droite dans un référentiel local inertiel. Dès que ces lignes sont étendues au-delà de ce référentiel local, elles n’apparaissent plus droites. Elles sont connues sous le nom de géodésiques. La première loi de Newton doit être remplacée par la loi du mouvement géodésique.
La trajectoire d’un photon est par exemple une géodésique de longueur nulle : la partie positive du carré de cette longueur (x²+y²+z²) est en effet égale et opposée à sa partie négative (-c²t²).
Revenons sur la notion de « référentiel inertiel ». Nous distinguons les « référentiels inertiels » dans lesquels un corps libre de toute action extérieure maintient un mouvement uniforme, des  référentiels non inertiels, dans lesquels un corps libre subit une accélération dont l’origine est due à l’accélération du référentiel  lui-même. Un exemple en est la force centrifuge que l’on ressent lorsqu’un véhicule qui nous transporte effectue un rapide changement de direction. Un autre exemple est la force dite de Coriolis, manifestation de la rotation terrestre. La force centrifuge est fictive et n'est qu'une manifestation de l'inertie, premier principe de Newton.

 

* Martin Heidegger :

(1889-1976) est un philosophe allemand. Il a été l'élève et l'assistant de Husserl. L'intention de Heidegger pourrait se résumer par une déconstruction de la métaphysique occidentale afin d'y reformuler une ontologie. Il propose de comprendre l'essence de l'homme en partant de la vérité de l'être. Radicale nouveauté qui paraît rompre avec la tradition depuis les origines grecques de la philosophie. Cette démarche s'articule en deux périodes.  D'une part, la question du sens de l'être dont « Sein und Zeit » est l'œuvre maîtresse et d'autre part, celle des conditions d'une manifestation de la vérité, notamment au travers du langage poétique en qui il voit un accès à l'être lui-même. En effet, notre existence quotidienne se caractérise par des conduites inauthentiques, qui occultent l'être en le précipitant dans une vacuité ontologique, dont la technique est la plus parfaite expression. L'homme découvre, par l'expérience de l'angoisse, que le néant est le fondement de son être en tant qu' « Être-vers-la-mort ». Son œuvre, qui comporte plus de cent volumes, est en grande partie constituée de ses « Cours » qui reprennent la compréhension de toute l'histoire de la philosophie. Dans chaque philosophie, il entend débusquer l'impensé singulier qui est le sien, dû à l'oubli de l'être, d'où proviendrait son aveuglement à l'histoire qu'elle contribue pourtant à façonner, promouvant ainsi toujours davantage une métaphysique de la volonté dont l'impasse culmine dans la « Volonté de volonté » caractéristique du nihilisme accompli. L'importance donnée à Heidegger dans le monde de la philosophie continentale est très grande. Néanmoins, sa réception parmi les philosophes analytiques est différente. À l'exception d'une recension favorable de « Être et Temps » par Gilbert Ryle dans l'article « Mind of Beingand Time » peu de temps après sa publication, les contemporains analytiques de Heidegger trouvèrent autant le contenu (s'il y en avait un) que le style, comme des exemples de la pire façon de faire de la philosophie. La tradition analytique valorise la clarté d'expression, tandis que Heidegger pensait que « se rendre intelligible est suicide pour la philosophie. » Outre l'accusation d'obscurantisme, les philosophes analytiques considèrent le contenu pouvant être glané des œuvres de Heidegger comme trivialement faux, non-vérifiable ou inintéressant. Cette vision a largement survécu : Heidegger est encore moqué par la plupart des philosophes analytiques, qui jugent son travail comme désastreux pour la philosophie.

 

* Jean-Paul Sartre :

(1905-1980) est un philosophe et écrivain français du XXe siècle, dont l'œuvre a marqué une époque, et dont la vie d'intellectuel engagé a suscité polémiques et réticences. Intransigeant et fidèle à lui-même et à ses idées, il a toujours rejeté les honneurs, notamment en 1964,  le prix Nobel de littérature, qui lui avait été décerné par l’Académie suédoise. Après sa participation comme résistant à la libération de la France, Sartre connaît un succès et une notoriété inimaginables ; il va, pendant plus d'une dizaine d’années, régner sur les lettres françaises. Prônant l’engagement comme une fin en soi, la diffusion de ses idées se fera notamment au travers de la revue qu’il a fondée en 1945, « Les Temps modernes ». Sartre y partage sa plume, avec entre autres, Simone de Beauvoir, Merleau-Ponty et Raymons AronDans le long éditorial du premier numéro, il pose le principe d'une responsabilité de l'intellectuel dans son temps et d'une littérature engagée. Pour lui, l'écrivain est dans le coup « quoi qu'il fasse, marqué, compromis jusque dans sa plus lointaine retraite […]. L'écrivain est en situation  dans son époque […]». Cette position sartrienne dominera tous les débats intellectuels de la deuxième moitié du XXe siècle. La revue est toujours considérée comme l'une des plus prestigieuses revues françaises au niveau international. Symbole de cette gloire surréaliste et de l'hégémonie intellectuelle de Saint Germain des Prés sur le monde : sa célèbre conférence d'octobre 1945, où une foule immense tente d'entrer dans la petite salle qui lui a été réservée. Les gens se bousculent, des coups partent, des femmes s'évanouissent ou tombent en syncope. Sartre y présente un condensé de sa philosophie, l'existentialisme, qui sera retranscrite dans « l'existentialisme est un humanisme ». Sa publication, par l'éditeur Nagel, est faite à l'insu de Sartre qui juge la transcription ex abrupto, nécessairement simplificatrice, peu compatible avec l'écriture et le travail du sens que celle-ci implique. On peut expliquer cela par deux facteurs : tout d'abord l’œuvre de Sartre est multiforme et permet à chacun de trouver son niveau de lecture, ensuite l'existentialisme, qui clame la liberté totale par sa négation de la conception du salut chrétien, ainsi que la responsabilité totale des actes de l'homme devant les autres et devant soi-même, se prête parfaitement à ce climat étrange d'après-guerre où se mêlent fête et mémoire des atrocités Il faut bien préciser que Sartre enrichit totalement l’humanisme, et lui redonne une ampleur essentielle. L’homme et les valeurs humaines sont au-dessus de tout. C’est uniquement l’homme qui va sauver l’homme et, que Dieu existe ou qu’il n’existe pas, il ne pourra en aucun cas changer sa condition. Tout le beau monde veut maintenant « être existentialiste », « vivre existentialiste ». Saint Germain des Prés, lieu où habite Sartre, devient le quartier de l'existentialisme, en même temps qu'un haut lieu de vie culturelle et nocturne : on y fait la fête dans des caves enfumées, en écoutant du jazz, ou encore en allant au café-théâtre. Phénomène rare dans l'histoire de la pensée française, une pensée philosophique technique et austère trouve pourtant, dans un très large public, un écho inhabituel. L'existentialisme devient donc une véritable mode, plus ou moins fidèle aux idées sartriennes, et par l'ampleur de laquelle, l'auteur semble un peu dépassé.

 

* Claude Lévi-Strauss :

( 1908 ) est un anthropologue, ethnologue et philosophe français.  Il est l'un des fondateurs de la pensée structuraliste. Pour lui, la société  est un « ordre objectif d'éléments »  dont l’étude relève d’une explication scientifique spécifique. Cet ordre représentant la structure, est créateur d'une réalité différente à la simple somme de ses éléments. Le structuralisme vise donc à privilégier d'une part, l'étude de la totalité par rapport à l'étude de l'individualité, d'autre part, la synchronicité des faits plutôt que leur évolution, et enfin, les relations qui unissent ces faits plutôt que les faits eux-mêmes, dans leur caractère hétérogène et parcellaire. 
Cette thèse occupe aussi une place centrale dans l’œuvre de Durkheim. Cette proposition théorique, implique notamment, que l’union des individus produit une totalité supérieure, qui agit sur les consciences individuelles à la manière d’une cause extérieure aux volontés personnelles, telle une réalité surplombant les individus. En outre, cette conception suppose une distanciation méthodologique par rapport à l’objet étudié. L’anthropologie doit aussi, selon Lévi-Strauss, se consacrer à la recherche des rapports unissant l’homme au monde qui l’entoure.
Afin d’y parvenir, l’anthropologue doit donc  s’immerger dans la culture étudiée, et décrire la manière dont l’homme parle, rêve, agit et produit  afin d’entrevoir comment se structurent localement les rapports observés entre les mythes, les techniques et les représentations de la parenté.

 

* Edgar Morin :

(1921) est un sociologue et philosophe français. Son œuvre majeure  est « La Méthode », six volumes au total, où il affronte la difficulté de penser la complexité du réel. Le terme de complexité  étant pris au sens de son étymologie "complexus" qui signifie « ce qui est tissé ensemble » dans un enchevêtrement d'entrelacements (plexus). La pensée de la complexité se présente pour lui comme un édifice à plusieurs étages. La base est formée à partir de la théorie de l'information, de la cybernétique et de la théorie des systèmes et comporte les outils nécessaires pour une théorie de l'organisation. Vient ensuite un deuxième étage, avec les idées de John Von Neumann, Heinz Von Foerster, Henri Atlan et Ilya Prigogine sur l'auto-organisation. À cet édifice, il a apporté des éléments supplémentaires, notamment trois principes qui sont : le principe « dialogique », le principe de « récursion » et le principe « hologrammatique ». La théorie de l'information permet d'entrer dans un univers où il y a, à la fois de l'ordre (la redondance), et du désordre (le bruit),  et d'en extraire du nouveau, c'est-à-dire l'information elle-même, qui devient alors organisatrice (programmatrice) d'une machine cybernétique. L'information qui indique, par exemple, le vainqueur d'une bataille, résout une incertitude ; celle qui annonce la mort subite d'un tyran apporte l'inattendu, en même temps que la nouveauté. La cybernétique est une théorie des machines autonomes. L'idée de rétroaction, qu'introduit Norbert Wiener, rompt avec le principe de causalité linéaire en introduisant celui de boucle causale. La cause agit sur l'effet, et l'effet sur la cause, comme dans un système de chauffage où le thermostat règle la marche de la chaudière. Ce mécanisme dit de « régulation » est celui qui permet l'autonomie d'un système. Par exemple,  l'autonomie thermique d'un appartement par rapport au froid extérieur. La boucle de rétroaction (appelée feed-back) joue le rôle d'un mécanisme amplificateur. Dans la situation de la montée aux extrêmes d'un conflit armé, la violence d'un protagoniste entraîne une autre réaction violente qui, à son tour, entraîne une réaction encore plus violente. De telles rétroactions, inflationnistes ou stabilisatrices, sont légions dans les phénomènes économiques, sociaux, politiques ou psychologiques. La théorie des systèmes jette les bases d'une pensée de l'organisation. La première leçon systémique est que « le tout est plus que la somme des parties ». Cela signifie qu'il existe des qualités émergentes ; c'est-à-dire qui naissent de l'organisation d'un tout et qui peuvent rétroagir sur les parties. Ainsi l'eau a des qualités émergentes par rapport à l'hydrogène et l'oxygène qui la constituent. Par ailleurs, le tout est également moins que la somme des parties car les parties peuvent avoir des qualités qui sont inhibées par l'organisation de l'ensemble.
À ces trois théories, il faut ajouter les développements conceptuels apportés par l'idée d'auto-orgnanisation. Ici, quatre noms doivent être mentionnés : ceux de John Von Neumann, Heinz Von Foerster, Henri Atlan et Ilya Prigogine. L'être vivant est assez autonome pour puiser de l'énergie dans son environnement, en extraire des informations  et les intégrer dans une organisation. C'est ce qui est appelé l'auto-éco-organisation. Le principe « dialogique » unit deux principes ou notions antagonistes  qui apparemment devraient se repousser, mais qui sont indissociables et indispensables pour comprendre une même réalité. Le physicien Niels Bohr a reconnu la nécessité de penser les particules physiques à la fois comme corpuscules et comme ondes. Blaise Pascal avait dit : « Le contraire d'une vérité n'est pas l'erreur, mais une vérité contraire » ; Bohr le traduit de la façon suivante : « Le contraire d'une vérité triviale est une erreur stupide, mais le contraire d'une vérité profonde est toujours une autre vérité profonde ». Le problème est d'unir des notions antagonistes pour penser les processus organisateurs et créateurs dans le monde complexe de la vie et de l'histoire humaine. Le principe de « récursion » organisationnelle va au-delà du principe de la rétroaction (feed-back) ; il dépasse la notion de régulation pour celle d'autoproduction et d´auto-organisation. C'est une boucle génératrice dans laquelle les produits et les effets sont eux-mêmes producteurs et causateurs de ce qui les produit. Ainsi, nous sommes, individus,  les produits d'un système de reproduction issu du fond des âges,  mais ce système ne peut se reproduire, que si nous-mêmes en devenons les producteurs en nous accouplant. Les individus humains produisent la société dans et par leurs interactions, mais la société, en tant que tout émergeant, produit l'humanité de ces individus en leur apportant le langage et la culture. Enfin,  le troisième principe «hologrammatique» met en évidence cet apparent paradoxe de certains systèmes où non seulement la partie est dans le tout, mais le tout est dans la partie : la totalité du patrimoine génétique est présent dans chaque cellule individuelle. De la même façon, l'individu est une partie de la société  mais la société est présente dans chaque individu en tant que tout, à travers son langage, sa culture et ses normes.

 

 





 

 

 

 

RETOUR AU MENU